Ces images ont été prises en 1986 et 1994, dans la salle de sport du centre Marmottan à Paris.
C'est toujours difficile de photographier quelqu'un, à plusieurs années ou mois, semaines d'intervalle. Cela l'était encore plus, nous étions au même endroit. Le regard n'était plus le même, le mien, le sien. Pour quelles raisons? Elles sont multiples. Peut-être la conscience du temps qui a passé ou que le temps est compté, un rendez-vous dans quelques minutes. Je ne sais plus. Mais nous étions mal à l'aise. Nous nous rappelions notre première prise de vues. Je ne sais pas quelle est la meilleure photo. Mais en tout cas l'éditing de 1994 n'était pas le bon. Il fallait garde la distance, le ballon à terre, la fin du jeu, l'altère, il faut garder cette image. Des années 90 plus difficiles que les années 80?
En fait, il n'y a pas de vérité du portrait, seulement des pistes, des indices, l'histoire du moment, l'actualité, ce moment passé en tête à tête. Ces photographies étaient des commandes pour des magazines ou quotidiens, il faudrait lire les articles, regarder les mises-en page. J'ai gardé longtemps la photographie de 1986 dans mon book, j'aimais bien le sourire, rare dans mes photos, la distance, la sienne, la mienne. Nous avions parlé du sida, de Raymond Aron. En 1994, j'en savais plus sur Claude Olievenstein enfin je croyais, c'est pire, lui ne souriait plus. Je ne travaillais plus pour le même support, avaisi-je droit à une tête de circonstance? Le combat qu'il mène était-il encore plus difficile?
En fait ces images sont complémentaires. Elle parlent du plaisir, de la joie, du rire mais aussi de la gravité, du poids de la société, de la dépendance, du temps. Je suis heureux de ces deux images, de cette complémentarité. De cette rencontre. De cette complexité.
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